Démarche scientifique ; démarche expérimentale ; méthode scientifique ; démarche d’investigation scientifique ; pratiques scientifiques ; etc. : les expressions utilisées pour désigner l’intégration dans l’enseignement scolaire des processus qui caractérisent les sciences varient d’un système éducatif à l’autre et d’une réforme à l’autre.
Nous présentons ici une partie des résultats d’une recherche, menée en association avec l’INRP, qui tente de croiser, sur des études de cas, l’approche de la construction de problèmes avec la particularité qu’ont certains domaines des Sciences de la Vie et de la Terre de se référer à la fois à des travaux de terrain et à des travaux de laboratoire. Cela nous conduit à mettre en avant la variété des relations entre registres empiriques et explications, qui ne peut se traduire par une démarche expérimentale stéréotypée, et l’importance des savoirs pratiques dans la lecture des faits. Il s’ensuit un certain nombre d’interrogations sur la place et le rôle des investigations empiriques dans l’enseignement et l’apprentissage de la biologie et de la géologie.
Les conceptions sont les “ traces ” de notre histoire familiale, socio-culturelle, scolaire, c’est “ ce qui nous reste… lorsque l’on a tout oublié “. Aujourd’hui répertoriées de façon assez systématique, elles ne seront pas l’objet d’une nouvelle cartographie dans ce document. A travers le concept de respiration, je parlerai d’une utilisation possible des conceptions des élèves comme levier permettant la maîtrise d’apprentissages. Je retracerai donc mon cheminement en tant qu’enseignante, tant au niveau des questions que je me suis posées par rapport à ce concept, qu’au niveau de la stratégie à adopter pour que les élèves se l’approprient. Je préciserai comment j’ai placé les élèves en situation d’auto-analyser les démarches qu’ils mettaient en œuvre lorsqu’ils faisaient émerger leurs conceptions. Puis je retracerai “ le point de départ’’ des apprenants et “le point d’arrivée’’ afin d’évaluer leur progression. Je ferai part également de la question qui me tenait à cœur tout au long de cette démarche : “ travailler à travers les conceptions rend-il les élèves davantage performants et sur quels critères évaluer ces performances ?”J’expliciterai la méthodologie retenue afin d’apporter quelques éléments de réponse à cette question.
La partie du programme de la classe de troisième axé sur la nutrition est un moment privilégié pour l’apprentissage de la démarche expérimentale. Nous avons à ce propos tenté de cerner les conceptions de cinq enseignants de biologie en les interviewant au sujet de leurs pratiques de classe -plus précisément sur la séquence expérimentale “digestion artificielle d’un aliment par la salive”. L’analyse des entretiens permet de faire apparaître le regroupement des enseignants autour de deux pôles, l’un qui privilégie, avec la rigueur, une logique de type linéaire , allant de pair avec une grande directivité pédagogique ; l’autre qui privilégie une logique moins linéaire incluant le tâtonnement, plus proche d’une démarche de recherche, et au plan pédagogique, moins canalisée et planifiée d’avance par l’enseignant.